mercredi 18 août 2021

ANGOLA : UNE POUDRIÈRE ?


Jamais un début d'année pré-électorale n'a été aussi agité que celui vécu par les Angolais en ce moment précis. Jamais le Mpla ne s'est senti dos au mur comme aujourd'hui. Dans mes précédentes publications, j'ai toujours dénoncé les nombreuses erreurs de gestion commises par le Mpla et son administration depuis quarante six ans. En ce début de "campagne électorale", beaucoup de voix discordantes sont venues se joindre à la mienne pour stigmatiser les politiques publiques du pouvoir à Luanda. Parmi ces voix, il y a celles de militants du Mpla qui pensent que le bilan de leur parti au pouvoir est nettement négatif. Ils sont exaspérés de voir la population s'enfoncer, chaque jour un peu plus, dans l'extrême pauvreté.  Les stratégies politiques mises en place jusqu'à ce jour ne bénéficient qu'aux dirigeants du Mpla. Le peuple pour lequel des lignes de crédit sont ouvertes, en Chine et ailleurs, ne profitent aucunement de ces investissements. Fatigué de se courber et d'assister impuissant à son appauvrissement programmé, le peuple ne cache plus son exaspération e. Si ce mécontentement débouchait sur  un soulèvement populaire, cela n'étonnerait pas le monde autour de l'Angola.  Cette observation me fait penser à Pepetela, cet éminent auteur écrivain luso-angolais, membre du Mpla, qui disait: "l’Angola est une poudrière. Une  révolte peut y éclater à tout moment". Au vu de ce qui s'y passe, tous ceux qui se rappellent de cette prédiction  se demandent si ce moment n'est pas en train d'arriver. Apparemment toutes les conditions sont, lentement mais sûrement, en train de se mettre en place pour une expression violente d'une insatisfaction générale longtemps occultée. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la direction du parti au pouvoir  est consciente de cette réalité. Devant cette évidence, l'unique chemin que s'apprête à emprunter le Mpla est celui qui consiste à saper les fondements de l'opposition. La diabolisation du très populaire président Adalberto Costa Junior, après le débauchage de quelques militants de l'Unita, n'ayant pas donné le résultat escompté, l'annulation par le tribunal constitutionnel du congrès l'ayant élu est, me semble-t-il, le dernier recours pour l'éliminer de la course. Depuis son arrivée à la tête de l'Unita, ACJ est considéré comme, une bête noire, un élément perturbateur de l'hégémonie du Mpla. Le communiqué publié, il y a une semaine, par le Mpla affirmant que la présidence de ACJ à la tête de l'Unita ne tient qu'à un fil, est une manifestation de la volonté du Mpla de mettre fin à la carrière politique du successeur de Samakuva. Jusqu'où iront-ils?  Avec un tribunal constitutionnel (TC) à la solde de Joâo Lourenço et ses amis, le Mpla s'emploie à rester au pouvoir à tout prix. La révision constitutionnelle proposée par le général Lourenço est une mascarade qui n'a pas rencontré pas l'adhésion de la masse populaire. Même Carlos Feijó, un constitutionaliste  de renom et membre du Mpla, s'est démarqué de la ligne de son parti à cause de l'attitude du TC. L'introduction par le TC du terme "PRÉFÉRENTIELLEMENT" dans la formulation de l'article 112 de la Constitution angolaise provoque une onde de suspicion dans le pays. L'esprit de la nouvelle rédaction laisse croire que le Président de la république peut convoquer les élections quand il veut. Les tentatives du Mpla à vouloir faire croire le contraire ne rencontre pas l'assentiment de tous les Angolais épris de justice et de paix. Pour preuve : la démission de Manuel Miguel da Costa Aragâo, président du TC. Le peuple qui accompagne attentivement ce qui se passe à la tête de l'État n'est pas disposé à accorder encore un mandat à ceux qui l'ont conduit à l'extrême pauvreté. Un forcing de la part du Mpla conduirait à une explosion populaire. Les rumeurs font état de la nomination de David Mendes, un transfuge de l'Unita, à la tête du TC. Mauvaise idée. Cette fois, s'il faut croire la réaction de la jeunesse, ou ça passe, ou ça casse.   

Douze mois nous séparent de prochaines élections. Douze mois pendant lesquels les forces de l'opposition sont appelées à serrer les rangs. Et, ce qui se passe actuellement à Luanda va dans la bonne direction. Pour la première fois dans leur lutte pour le pouvoir, les opposants angolais ont compris que l'union fait la force. Une victoire à ces élections, si elles sont libres et transparentes, passe essentiellement par une union dépourvue d'égos individuels. Contre cette parade, le Mpla est désarçonné. Pour preuve: le pouvoir est très irrité avec l'apparition du Front Patriotique (FP) dirigé par Adalberto Costa Junior (Unita), Abel Chivukuvuku ( Pra-ja servir Angola) et Filomeno Vieira Lopes (Bloco democratico). Ainsi, l'apparition du FP annule l'argument selon lequel l'opposition angolaise est désorganisée. Désarçonné? Peut-être, mais pas dépourvu de machiavélisme. Vigilância, angolanos.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.   


















  

  

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