Désormais, après le vote, toutes les urnes, toutes, seront dépouillées à Luanda. Dans un pays dont les voies de communication sont en piteux état, par quels moyens se fera l'acheminement des urnes? Déplacer les urnes de l'intérieur du pays à la capitale a un coût. A-t-on pensé à la dépense que va occasionner cette absurdité alors le dépouillement sur place ne coûte rien à l'État? Cette procédure ne va-t-elle pas sacrifier les votes des populations de l'Angola profond? Qui vont procéder au dépouillement, des femmes et des hommes acquis au pouvoir? C'est clair que par cette modification, le pouvoir s'arroge les prérogatives dévolues aux CNE municipales et provinciales. Le dépouillement des votes devient alors une "affaire d'État". La cacophonie générée après la proclamation des résultats des élections de 2017 a laissé un goût très amer dans la bouche du pouvoir. Ils veulent éviter que cela se répète. Pourtant, l'expérience prouve que le dépouillement effectué dans les bureaux de vote municipaux ou provinciaux est un instrument efficace de contrôle qui contribue à consolider les acquis de la démocratie et diminue toute possibilité de fraude. Deux exemples pour illustrer ce propos :
Au Portugal, la démocratie n'a pas été imposée au régime fasciste de Salazar et Caetano. Même sous le fascisme, le Portugal organisait déjà des élections municipales (avec dépouillement municipal), législatives et présidentielles. Il y avait déjà un État de droit, mais pas démocratique. C'est après le 25 avril 1974 que des élections démocratiques et transparentes sont introduites à cause de la culture démocratique qui préside à l'organisation des élections. Au Portugal, il n'y a pas de parti/État. Tous les partis politiques sont égaux devant la loi. Le gouvernement n'intervient pas en matière électorale; la presse est libre ; la corruption n'est pas institutionnalisée ; les tribunaux sont indépendants ; et, surtout, les citoyens font confiance à l'indépendance et à l'autorité de l'institution qui organise les élections. Il n'y a pas de pratique d'élections contestées. Pour toutes ces raisons, il n'y a pas besoin de mécanismes de contrôle en amont ou en aval pour garantir la vérité et l'intégrité électorales.
Le Cap-Vert, un pays africain frère, est l'une des démocraties les plus dynamiques d'Afrique. Ce pays a embrassé volontairement le régime démocratique après avoir rompu avec le régime du parti unique. Par contre, l'Angola, le Mozambique, le Congo Brazzaville et d'autres pays de l'orbite de l'ex-URSS ne sont pas de "vraies" démocraties. Ils ont adopté des « régimes autoritaires compétitifs », ou des « pseudo-démocraties », voire des « régimes électoraux autoritaires ». Dans ces régimes, les mécanismes de contrôle de la transparence et de la vérité électorale sont différents de républiques démocratiques. Le fait qu'il y ait un parti/État dominant dit tout. En 2008, 2012 et 2017, le régime a ordonné à la CNE d'annoncer des résultats qu'il n'avait pas produit. Des résultats qui ne sont pas sortis des bureaux de vote. Or, lorsque le parti dominant viole le principe fondamental de la transparence, alors il n'y a plus des règles de droit.
Je vous laisse imaginer ce qui arrivera lorsque les urnes seront dépouillées à Luanda.
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Que la peur quitte vos esprits, et que vive l'Angola.
MKS/
Source: club-k.net
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