dimanche 3 octobre 2021

NÉOCOLONIALISME: DESHABILLER SAINT PIERRE POUR...


Néocolonialisme. Nous sommes en 1975. Les accords d'Alvor, signés par les trois mouvements de libération de l'Angola avec le Portugal, sont foulés au pied par un des signataires soutenu par la puissance coloniale. Des troupes russes, cubaines et est-allemandes débarquent à Luanda pour prêter main forte aux communistes angolais. Le Portugal abandonne l'Angola la queue entre les pattes. Au mois de novembre, unilatéralement, le Mpla proclame l'indépendance de l'Angola. Dans une interview à une chaîne portugaise, Rosa Coutinho, dernier administrateur portugais en place en Angola, affirme sa préférence pour les communistes angolais qui, dit-il, ont la culture portugaise de la gestion de la chose publique. Ce passage de témoin est très significatif. C'est la continuité dans l'action. On a changé les  hommes, mais le système et les méthodes sont  restés les mêmes. 45 après l'indépendance, aucune réforme sérieuse n'est envisagée. Naïf, le peuple, dans l'illusion d'un futur meilleur, s'est laissé  berner  sans aucune exigence. Une naïveté qui a donné au pouvoir assez de substance pour mieux asseoir son ascendant. L'assurance d'un monde merveilleux n'était finalement qu'utopie. Le pire était à venir. Le pire est là.

Issus d'une classe sociale  supérieure  dans l'ordre social établi par les colons ( assimilados), les nouveaux dirigeants nourrissent depuis toujours un complexe de supériorité  vis-à-vis du reste de la population. Arrivés au pouvoir dans les conditions que tout le monde connait, ils se considèrent, encore aujourd'hui, comme les remplaçants des colons. La colonisation a changé de couleur. Le 27 mai 1977, lorsqu'un groupe d'Angolais autochtones tente d'exprimer une pensée différente de celle du pouvoir, c'est le carnage. Exactement comme à l'époque coloniale. Aujourd'hui les méthodes sont peut-être plus "douces" mais le but à atteindre est toujours le même. Museler la population. Les expropriations se font d'une manière plus "civilisée", mais se sont des expropriations. Nous sommes aujourd'hui en présence d'une minorité  bien structurée, exactement comme à l'époque coloniale, qui dicte sa loi à la majorité. La loi du plus fort. Si cette manière de procéder n'est pas du néocolonialisme, alors c'est quoi?  

Dans Larousse Petit Robert, le néocolonialisme est défini comme une nouvelle forme de colonialisme local qui impose la domination économique à la population d'une  ancienne colonie devenue indépendante. Et comment peut-on s'apercevoir qu'une nouvelle colonisation s'installe dans le pays?  C'est quand les nouveaux dirigeants deviennent égocentriques. Quand les grands espaces agricoles, les banques, les mines, les assurances, les immeubles et le pouvoir, dans sa totalité, appartiennent aux nouveaux dirigeants. Une configuration qui ressemble à s'y méprendre à celle qui existait à l'époque coloniale. Un groupe de gens a tout, et le reste n'a rien. Exactement comme avant 1975. Ce qui a changé, c'est la couleur du colonialiste. Sur les marchés et dans les rues, il n'est plus invraisemblable d'entendre des Angolais souhaiter le retour du colon blanc. Malgré les humiliations subies et les brimades, lorsqu'un peuple commence à souhaiter le retour de son bourreau, c'est qu'il y a un problème.  Que des sacrifices consentis! Que du sang versé pour se libérer ! A-t-on déshabillé Saint Pierre pour habiller Saint Paul? Est-ce pour ça que les Angolais se sont sacrifiés? L'Angola est-il une prise de guerre qu'un groupe appartenant à un mouvement de libération, devenu parti politique, a décidé de gérer sans tenir compte de la volonté du peuple? 

Et vous, pensez-vous que les méthodes de gestion en vigueur en Angola sont différentes du néocolonialisme? Regardez autour de vous et vous verrez. Dans le gouvernement, les entreprises publiques, la police, l'armée. Point n'est besoin de faire semblant.  Qu'on ne vous trompe pas, le néocolonialisme est une réalité en Angola. Je vous laisse débattre.  

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe

Que la peur quitte nos esprits et vive l'Angola, notre bien commun. 

MKS/.. 













      

  

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