dimanche 14 novembre 2021

INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE, PORTE OUVERTE À L'AUTOCRATIE.

 Jamais la vie politique en Angola n'a été aussi agitée qu'en ce moment. Coup sur coup, deux importants congrès sont programmés pour le mois de décembre. Celui du Mpla, longtemps planifié et celui de l'Unita, résultat d'un malheureux concours de circonstances (?). Au bout du parcours: les élections générales de 2022. La donne sur le terrain ayant beaucoup évolué avec l'arrivée dans la population de nouveaux électeurs, plus éveillés politiquement et plus informés par internet, le pouvoir se sent en danger et perd toute assurance. L'acharnement contre l'Unita et son président élu au Xlll congrès produit un effet contraire à celui désiré. La contre-productivité est due au fait que le président de l'Unita, Adalberto Costa Júnior, est devenu une victime. Le peuple le regarde comme un homme que le pouvoir veut à tout prix abattre. Même à l'intérieur du cercle du pouvoir, les avis au sujet de cet homme sont très partagés. L'approche du Mpla pour déstabiliser l'Unita est perçue par la population comme la peur d'affronter aux prochaines élections un adversaire plus fort que le candidat du pouvoir. Alors, la justice est entrée en action pour justifier des décisions politiques. C'est la porte ouverte à l'autocratie ou, pour faire simple, à la dictature. Sinon, réfléchissons :   

L'arrêt n° 703/21 de la Cour constitutionnelle limite la capacité de l'Unita et des autres partis politiques de l'opposition à se gouverner eux-mêmes et à contrôler leurs processus internes de candidature à une fonction au sein du parti. C'est un cas typique de la "judiciarisation" de la politique, c'est-à-dire de l'utilisation des tribunaux et des moyens judiciaires pour avoir un contrôle sur toutes les compétitions politiques. Cette évolution reflète la fin de l'approche doctrinale légaliste classique et marque une transition vers ce que l'on a appelé plus récemment la « juristocratie ». Or, dans un État de droit, les juges ne se comportent pas, et ne prennent pas des décisions, de manière fondamentalement identique  aux autres secteurs du gouvernement. Même si les tribunaux sont des institutions "politiques", non seulement parce qu'ils sont politiquement construits, mais parce que les facteurs qui déterminent leur comportement judiciaire ne sont pas différents de ceux qui  déterminent de la prise de décision par d'autres agents publics et certains politiciens. Dans le cas actuel de l'Angola, le comportement judiciaire, en particulier celui de la Cour constitutionnelle, dans les affaires impliquant des questions politiquement sensibles, est motivé par son adhésion à des positions partisanes, à des préférences idéologiques personnelles, à des attitudes dominantes au sein de la profession juridique et à des considérations partisanes et stratégiques. Les juges sont trop impliqués dans la prise de décision politique  et, par conséquent, ignorent la séparation fondamentale des pouvoirs et les principes de la gouvernance démocratique. Bref, ces derniers jours, l'opinion publique a assisté à un profond transfert du pouvoir politique du parti dominant au pouvoir judiciaire. L'un des principaux résultats de cette tendance a été la transformation des tribunaux en des lieux importants de prise de décisions politiques. La "judiciarisation" de la politique s'est étendue bien au-delà de la "judiciarisation" de l'élaboration des politiques publiques pour s'accaparer des questions de politique pure. Comme toute autre transformation de cette ampleur, la "judiciarisation" de la politique ne relève pas d'une cause unique. Il y a plusieurs causes qui sont à la base de son apparition. Le refus d'accepter toute alternance politique, l'égocentrisme, cette tendance à vouloir tout garder pour soi, rien pour les autres. Que nous réserve l'avenir  après les deux congrès? Allons-nous vers des élections inclusives et apaisées? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Que la peur quitte nos esprits et que vive l'Angola, notre bien commun. 

MKS/... 













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