Avant d’entrer dans le vif du sujet d’aujourd’hui, je tiens à
rappeler ici certaines dispositions de loi telles que rendues publiques par
l’État angolais dans le « Manuel sur la législation électorale de l’Angola ».
La Loi constitutionnelle angolaise (loi 23/92 du 16/09) qui définit la base du
système électoral en Angola est en vigueur depuis le mois de mai 1992. Elle établit
que la souveraineté est un principe d’autorité politique suprême que le peuple exerce selon les formes
prévues par la loi : le suffrage universel périodique pour le choix
de ses représentants, le referendum et
bien d’autres formes de participation démocratique des citoyens à la vie de la
nation.
Vous avez certainement remarqué
que j’ai souligné le mot PEUPLE. Dans l’esprit du législateur, tel que je l’ai
compris, ce principe d’autorité politique peut être exercé par le citoyen quel
que soit son lieu de résidence, parce qu’il fait partie du peuple et bénéficie
des mêmes droits et devoirs que ses compatriotes. D’ailleurs, c’est pour cette
raison que le pays, suivant la législation électorale, est divisé en deux
grands cercles électoraux : le national et l’extérieur. Le cercle
électoral extérieur recouvre l’ensemble des pays où résident les Angolais. Ce
cercle est lui-même divisé en zones d’Afrique et du reste du monde (art.29 c). La
législation prévoit que dans ce cercle deux députés soient élus pour
l’Afrique et un pour le reste du monde (art.30 c). Ce droit est garanti par
l’article 11 alinéa 2 de la législation électorale: les citoyens angolais qui ont une
résidence à l’étranger ont la capacité électorale active pour les élections
législatives.
En clair, les Angolais vivant à l’étranger, comme vous et moi, ont le droit de
voter et/ou de se faire élire comme députés conformément aux dispositions de la
loi. Au demeurant, l’enregistrement des électeurs est obligatoire pour tous les
Angolais en âge de voter (18 ans), qu’ils résident dans le pays ou à l’étranger
(chapitre 2 du Manuel sur la législation
électorale de l’Angola).
Jusqu’ici, tout est clair et sans
ambigüité. Seulement, le problème se pose au niveau de la mise en pratique de
cette législation. C’est à ce niveau qu’apparaissent les incohérences qui nous
font douter du sérieux de nos dirigeants. Ils nous disent une chose
aujourd’hui, et nous servent son contraire le lendemain. Et vingt-quatre ans
après la publication de la loi (1992-2016), toujours aucun espoir à l’horizon. Les
raisons invoquées par le pouvoir à Luanda sont, chaque fois que le sujet est
soulevé, d’ordre administratif. Selon Luanda, nos services consulaires ne sont
pas en mesure, matériellement, d’organiser ce genre de consultations. Si cela
était vrai pour les premières élections de 1992, on ne peut pas en dire autant
pour celles de 2008 et de 2012. Manifestement, il y a un manque de volonté
politique de la part des autorités angolaises. Et cette absence de volonté
politique peut être justifiée, à mon humble avis, par le fait que les Angolais
de l’étranger sont considérés, de facto, par le Mpla comme des opposants ;
des hommes et des femmes hostiles à leur politique et aux méthodes peu
orthodoxes de leur système. Et pourtant, à ces hommes et à ces femmes, la
constitution de la République confère le même droit qu’à leurs concitoyens
restés au pays : celui de s’exprimer à travers le vote quelle que soit
leur manière de penser ou leur appartenance politique. Leur priver de ce droit
équivaut à leur exclusion de la nation angolaise.
Pour moi, la raison invoquée pour
justifier cette privation du droit de vote ne me convainc pas. Alors, j’ai
décidé de faire des recherches plus approfondies pour comprendre ce qui se
cache derrière cette posture. C’est dans les études menées par des sociologues
proches du pouvoir que j’ai trouvé la réponse à ma question. Saviez-vous que la
majorité des Angolais de l’étranger sont Bakongo? Sur 10 immigrés, 8,5 sont Bakongo et 1,5 Kamundongo. C’est là
où j’ai tout compris. Mais, je continue quand même à avoir un doute parce que
nombreux de ces Bakongo ont adhéré au Mpla. Alors pourquoi le Mpla se
priverait-il, en cas de vote, des voix de ses militants ? Selon ces mêmes
sociologues : la direction du Mpla n’a pas
confiance à ce genre de militants qui étaient hier au Fnla, au Mako ou à
l’Unita et se retrouvent, par pur
opportunisme, aujourd’hui dans les rangs du Mpla. La volatilité des convictions
politiques des Bakongo inquiète les dirigeants du Mpla. Pour d’autres,
plus rouges comme le fervent mpliste João Melo ou le jeune turc Luvualu, infatigables
défenseurs du régime : le vote des Angolais de l’étranger n’est pas une
priorité parce que les ressortissants des autres pays africains vivant à
l’étranger ne votent pas, pourquoi diable les Angolais l’exigeraient-ils ?
L'Algérie, la Tunisie, le Maroc ne sont-ils pas des pays africains?
"On ne sait pas exactement
comment ils se comporteraient dans l’isoloir pendant un scrutin, affirment-ils. Autant ne pas
pendre des risques inutiles. S’il faut
organiser des élections pour les perdre ensuite, autant ne pas les organiser".
Voilà comment raisonnent nos amis du Mpla. Pourquoi alors élaborer des lois
qu’on n’applique pas ? Le refus d’organiser les élections locales est une autre
preuve évidente du non-respect de la loi et de la mauvaise volonté de camarades
du Mpla. Ils ne veulent pas organiser des élections parce qu’ils sont certains
de les perdre, car il n’est pas facile de frauder dans le cas des élections
locales. Alors, ils trainent les pieds, trouvent des subterfuges pour justifier
l’injustifiable. Pendant ce temps, à l’étranger comme à l’intérieur du pays, nous
attendons qu’un miracle s’accomplisse. Quelle naïveté ? Nous devons
réclamer notre droit au vote, comme nous devons exiger l’organisation des
« autarquias ». Rappelez-vous comment nos amis sud-africains se sont
battus pour obtenir ce droit. Ce droit est inaliénable.
Personne ne peut nous le confisquer. L'obtention de ce droit ne concerne pas
seulement les membres de l’opposition. Les militants du Mpla et OMA à
l’étranger sont aussi concernés parce qu’eux non plus n’ont pas ce droit de
vote. Dans ce cas, pourquoi continuer à militer dans un parti politique qui
vous refuse le droit de vote ? Reconnaissez, chers camarades, que pour une
fois au moins les Angolais de l'étranger, tous, sont dans la même situation. C’est frustrant, non ?
Pour mieux comprendre l’esprit de
l’analyse d’aujourd’hui, je vous recommande de lire et de relire : pourquoi les Bakongo et les Ovimbundu sont méprisés par les élites
Kimbundu ? Vous verrez, cela vous aidera énormément. Parfois, il est
nécessaire d’aller chercher dans le passé les réponses aux questions
d’aujourd’hui.
Anderson.
RépondreSupprimerDepuis l975, nous vivons dans un pays qui ne cesse d'étonner l'Afrique et le monde. De l'extérieur, l'opinion publique internationale a l'impression que l'Angola est un pays qui chemine vers une véritable démocratie. Mais lorsque l'on regarde de près ce qui se passe dans ce pays, pourtant promis à un avenir prometteur, on se rend compte que la réalité est autre. La sagesse africaine dit: l'intérieur n'est pas l'extérieur. Souvent l'extérieur est joli quand l'intérieur est pourri. Les lois que le Mpla élaborent sont juste pour donner une excellente image du parti au pouvoir. Un jour cela changera et les Angolais de l'étranger retrouveront leur droit de vote comme stipulé dans la législation électorale.
VK
RépondreSupprimerMbuta Makiese, vous avez raison. Frustrant? Oui, c'est frustrant de ne pas pouvoir réclamer un droit par peur des représailles. Je me demande ce que nos frères Bakongo qui sont dans le Mpla ici en Europe débattent dans leurs réunions. C'est du droit de vote qu'ils devaient parler. Mais tel qu'on les connaît, ils tremblent de peur à l'idée qu'ils peuvent "sanctionner" par leur hiérarchie. A Kongo kaena kwau ngangu ko.
Félicitations pour cette oeuvre dédiée et pertinente qui a comme objective d'apporter la lumière au sein de notre société après 40 ans de mplisation afin aujourd'hui certains commencent à voir les choses autrement et compris notre fr. Scotty, finalement on met jamais une lampe en dessous d'une table parce finira toujour par illuminer la superficie supérieure. Merci pour le courage, la ténacité et bravure de lutter contre le machiavélisme ds notre pays l'Angola, la terre de nos encétre. Vous avez bien compris l'histoire de ce dernier néocolonisateur (Mpla). Réveil toi qui dors!
RépondreSupprimerFélicitations pour cette oeuvre dédiée et pertinente qui a comme objective d'apporter la lumière au sein de notre société après 40 ans de mplisation afin aujourd'hui certains commencent à voir les choses autrement et compris notre fr. Scotty, finalement on met jamais une lampe en dessous d'une table parce finira toujour par illuminer la superficie supérieure. Merci pour le courage, la ténacité et bravure de lutter contre le machiavélisme ds notre pays l'Angola, la terre de nos encétre. Vous avez bien compris l'histoire de ce dernier néocolonisateur (Mpla). Réveil toi qui dors!
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