vendredi 4 décembre 2015

La PAIX.


La PAIX.



Si j’ai pris l’initiative, au tout début de mon blog, de parler de la PAIX en Angola, c’est parce qu’un vrai chantage s'est construit autour de ce mot. Chaque fois qu’une contestation ou un mécontentement prend forme dans le pays, le raisonnement tendant à apporter une preuve pour décrédibiliser les contestataires est : les protestataires veulent menacer la PAIX. Cette manière de procéder empêche tout débat sur la gestion du pays. Le régime entraîne de cette façon une importante partie de l’opinion dans sa campagne mensongère dont la principale préoccupation est de détourner l’attention de la population. Certains éditorialistes, universitaires et commentateurs n’hésitent pas à se comporter comme des agents de la police au service du régime. Une sorte de passion aveugle semble les emporter dès qu’une analyse différente, non partisane et rigoureuse s’exprime dans le pays. Leur réaction n’est pas de débattre et d’argumenter pour convaincre, mais plutôt de discréditer, d’invectiver, de marginaliser, de bannir et de réduire au silence par des assassinats ou emprisonnements. Pour un peuple qui a connu 27 ans de guerre, il faut reconnaitre que le synopsis a du poids.    
Je rappelle ici qu'au long de l’histoire de l’Angola, le concept de la Paix a toujours été associé à l’absence de la guerre. D’ailleurs, dans ce pays de plus de 20 millions d’habitants, le calendrier national a consacré comme « journée de la Paix » le jour qui a vu les militaires mettre fin aux hostilités par les « Accords de Luena ».
C’est ainsi, en Angola, quand on parle de la paix, beaucoup de personnes pensent uniquement à la dimension militaire de la dernière phase du conflit sociopolitique qui a endeuillé le pays pendant plus de deux décennies. Toutefois, cette paix n’est pas celle que l’humanité désire et que les Angolais méritent.
Pour mieux comprendre ce concept, j’ai eu recours à l’UNESCO qui a inséré, au sujet de la Paix, dans la préface de son Acte constitutif, la définition suivante : « Une fois que les guerres commencent dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit de ces mêmes hommes que les défenses de la paix doivent être construites ».
De facto, ce ne sont pas les armes qui provoquent les guerres, mais bien l’esprit des hommes, leurs ambitions, orgueil et passion. La paix, pour toutes les personnes de bonne volonté, n’est pas seulement le silence des armes ni la signature des accords conduisant à l’accalmie.
La paix, comme la démocratie, est une culture, un mode de vie. Elle est le fruit de la démocratie, et la démocratie est un régime politique de paix. La culture de la paix, telle que ratifiée après la 2°guerre mondiale est intrinsèquement liée au respect pour les droits universels de l’homme et la défense de la dignité humaine. C’est une culture qui a comme base la tolérance, l’égalité et la solidarité. C’est une culture qui s’efforce de prévenir les conflits avant leur éclosion. Ces embrasements qui incluent les nouvelles menaces civiles contre la paix et la sécurité sont : l’exclusion, la pauvreté extrême, la corruption et la dégradation ambiante.
La culture de la paix cherche à résoudre les nouveaux conflits quand ils se manifestent par le dialogue, la négociation et la médiation de manière à rendre la violence superflue.
En matière de culture de paix, conformément à la définition de l’UNESCO, 13 ans après le silence des armes, où en sont les Angolais ? Qu’ont-ils gagné ? Ils ont construit des autoroutes, des immeubles, des cités, mais ils n’ont  pas construit dans les esprits et dans les mentalités des gens les défenses de la paix. Sur papier, ils ont des lois qui ratifient les valeurs et la culture de la paix, mais dans la réalité ils vivent autre chose. Ils écoutent à la télévision et à la radio un discours officiel moralisateur qui appelle au dialogue, cependant dans la pratique, ils assistent, les pieds et les mains liés, à l’intolérance politique, à l’exclusion, aux profondes asymétries sociales, à l’impunité,  aux constantes transgressions de  la loi et au non-respect de la Constitution. Dans ces conditions, pouvons-nous parler de la paix en Angola ?
Je suis convaincu que l’absence d’une vraie démocratie dans ce pays continuera à être un problème si le peuple angolais n’est pas capable d’être la solution à ce problème. Dans un pays où le peuple vit dans la peur et l’opposition politique reste désunie, envisager un changement me semble utopique.
Le blogueur,
Eduardo Scotty MAKIESE.
 

1 commentaire:

  1. V.K
    En Angola, la manière de définir la Paix n'est consensuelle. Selon qu'on est au gouvernement ou dans l'opposition, la Paix a une signification, je dirai partisane. Dans ces conditions, il est difficile de trouver un terrain d'entente. Cela nous amène à l'intolérance et à l'exclusion.

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