Le Penseur.
Il y a plusieurs années que
l’idée de créer un blog me trotte dans la tête. J’ai toujours voulu exprimer
mes opinions sur ce qui se passe dans mon pays. Malheureusement, au cours de
ces années, je n’ai pas eu assez de temps pour me consacrer à cette tâche.
Aujourd’hui que je me suis libéré de certaines obligations, j’ai décidé de
donner un peu de mon temps libre à cet exercice que je considère comme un devoir
de tout citoyen. Par cet exercice, je veux remplir un espace vide en
créant ce blog à travers lequel je me propose d’apporter de quoi éclairer les
zones d’ombre qui peuvent subsister dans l’esprit de mes amis et compatriotes. Tous
ceux qui s’intéresseront à mes écrits pourront, dès lors, trouver, peut-être, une réponse à leurs interrogations. Ce blog,
que je compte actualiser toutes les semaines, sera entièrement consacré à
l’analyse de la situation politique et sociale en Angola. Je dis bien
« analyse ».Je tiens dès aujourd’hui à faire la part des choses.
J’aimerai au début de la vie de
ce blog aborder avec vous la problématique de la peur qu’éprouvent les Angolais
vis-à-vis du pouvoir en place en Angola. Une peur que les « revus »
essayent de vaincre depuis le 7/03/2011. Un combat qui a causé leur
incarcération depuis le mois de juin 2015. (Je ferme la parenthèse).
Lors de mes nombreux voyages à Luanda, j’ai toujours été étonné par la capacité des autorités angolaises à susciter la frousse au sein de la population. La peur de parler, de manifester, de raisonner et même de réfléchir. Cela paraît incroyable, mais c’est vrai. Chaque fois que j’essayais d’engager une conversation avec un copain au sujet par, exemple, de la manière dont le pays était géré, mes interlocuteurs faisaient tout pour changer de sujet. Quand j’insistais, ils me faisaient clairement comprendre que ce sujet n’était pas d’actualité dans le pays. Et pourtant, nous savions tous, eux et moi, que ceux qui administraient la « république », qui est une chose publique, avaient reçu un mandat du peuple à qui ils doivent rendre compte de leur gestion. Donc parler de leur gestion ne pouvait pas constituer un délit puisque c’est nous qui les avons choisis pour qu’ils gèrent notre bien commun. Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, mes amis avaient un comportement identique même quand nous étions enfermés à l’intérieur d’une maison. On dirait que les autorités avaient placé des microphones dans toutes les habitations. Cette situation me rendait triste. Triste de voir des hommes et des femmes qui avaient peur de leur propre ombre. Il n’y avait aucun policier, ni un agent de la sécurité de l’État, dans les environs immédiats de l’endroit où nous nous trouvions. Alors, mon Dieu, de quoi avaient-ils tous peur ? C’est ma nièce qui un jour me dit : nous sommes terrorisés par le traitement que les brigades spéciales de la police infligent à ceux qu’ils détiennent dans leurs geôles. Très peu sont ceux reviennent vivant après un passage dans leurs installations. Voilà pourquoi personne ne veut te parler de la politique. Nous sommes tous traumatisés. Nous assistons impuissants à tout ce qui se passe. La résignation.
En dehors de cette peur qui
paralyse la population, les autorités angolaises, dans les communes et municipalités,
pour montrer leur dévouement au pouvoir central, ont eu la brillante idée de
placer quelques « pièges » apparemment innocents à plusieurs points
de la ville de Luanda. Pour ceux qui connaissent la capitale angolaise, Luanda
ne compte que trois librairies dans lesquelles sont vendues les œuvres
littéraires écrites, dans leur très grande majorité, par des écrivains membres
du parti au pouvoir. Les livres publiés par des écrivains ne bénéficiant pas
des faveurs du parti au pouvoir sont vendus, étalés par terre aux coins des
rues, par de petits vendeurs. Dans l’offre qu’ils proposent à leurs éventuels
clients, on les oblige à glisser, souvent contre leur volonté, des livres qui
peuvent vous emmener directement en prison. Vous achetez un livre qui parle,
par exemple, de Jonas Savimbi, un agent en civil posté à côté vous prend en
filature jusqu’à votre domicile et la nuit, loin des regards indiscrets, vous
disparaissez parce que vous êtes en possession d’un livre subversif, exactement
comme celui de Gêne Sharp. On confisque le livre qui retrouve sa place chez le
marchand le lendemain et vous, vous allez directement en prison pour subversion
ou tentative de rébellion. Voilà pourquoi l’arrestation, en juin 2015, des
jeunes révolutionnaires « revus » sous prétexte de fomenter un coup
d’État ne m’a pas surpris. C’était prévisible. Car, pour masquer certaines
bévues, comme le massacre du mont Sumi ou l’assassinat de Cassule et Kamulingue,
il était impératif de frapper un grand coup pour détourner l’attention de
l’opinion publique nationale et internationale. Et en faisant trainer la procédure
judiciaire, il y a beaucoup de chances que les morts de Sumi soient
définitivement oubliés. Erreur.
Je reviendrai sur tous ces
dossiers dans mes prochaines publications. Cette première page est un
avant-goût de ce que nous vivrons ensemble sur ce blog. SOBA-MA-SOBA est la
dénomination de ce blog. Pour ceux qui ne parlent pas kikongo, SOBA-MA-SOBA signifie :
ça changera. Même si ça prend du temps, je suis sûr que ça changera. C’est une
conviction.
Le Blogueur,
Eduardo Scotty MAKIESE.
V.K.
RépondreSupprimerLa peur est naturelle pour les êtres humains. Mais, quand elle paralyse quelqu'un au point de le rendre aphone, là il y a un problème. Les Angolais ne doivent pas avoir peur au point de plus réagir aux nombreuses injustices dont ils sont victimes. DEBOUT ANGOLAIS.
Si les gens en Angola vivent dans la crainte, n’osent pas ou n’osent plus s’exprimer sur la politique et la manière dont est dirigé le pays, c’est bien parce que le régime en place a crée un état de terreur pour dissuader toute expression(de la pensée).
SupprimerNous qui vivons en Europe dans l’opulence de la liberté durement conquise par les occidentaux, ne jetons pas la pierre de l'opprobre sur nos frères atterrés qui acceptent bassement la situation mais demandons-nous plutôt ce que nous de la diaspora devrions,pourrions faire pour le changement. Et félicitation pour ce blog, car nous informer de la réalité des choses du pays est déjà un bon début pour le changement…..BM