samedi 25 mai 2019

GRADUALISMO, la pomme de discorde entre le Mpla et l'Opposition.


2017, Joâo Lourenço arrive au pouvoir en Angola de la manière dont on sait. Les partis de l’opposition protestent contre son élection qu’ils qualifient de fraude électorale, mais la cour constitutionnelle, d’obédience mpliste, confirme les résultats de la Cne (commission nationale électorale) et JLo est proclamé président de la République. Dès son accession à la magistrature suprême, le nouveau président donne l’impression de s’émanciper du Mpla et dans la foulée, sans consulter les instances de son parti, il promet d’organiser des élections locales sur toute l’étendue de la république en 2020. Une mesure que son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, avait toujours refusé de prendre compte tenu de l’impopularité grandissante du Mpla dans l’opinion publique. Si l’intention du président Joâo Lourenço est louable, elle ne sert pas les intérêts du parti qui est en perte de vitesse dans les cœurs des Angolais. La corruption, le népotisme et le clientélisme dont le Mpla est accusé ont complètement détruit l’image du parti même auprès de ses propres militants. Dans ces conditions, prendre le risque d’organiser des élections locales au moment où les électeurs sont vent debout contre les « marimbondos » qui ont gravement pillé le pays et paupériser la population est un suicide politique. En tout cas, c’est de cette manière que les analystes du Mpla perçoivent la situation. Il est évident que pour sauver les meubles, un rétropédalage s’impose. C’est ainsi qu’apparait dans le langage politique à Luanda le terme « GRADUALISMO ». Selon le Mpla, « gradualismo » qui peut se traduire en français « graduellement », a un contenu politique différent de celui que lui attribue l’opposition. Si pour le Mpla ce concept veut dire organiser des élections locales dans certaines localités en laissant d’autres pour des raisons de stratégie politique, l’opposition politique angolaise voit dans cette manière de procéder une entourloupette de très mauvais goût. Pourquoi organiser des élections municipales à Bungo et refuser aux habitants de Damba le même droit ? Au nom de quel principe démocratique le Mpla refuse-t-il aux habitants de Viana le droit de se choisir ses dirigeants pendant que les résidents de Cazenga bénéficient de ce droit ? Quand est-ce que le Mpla prévoit-il « graduellement » organiser les élections locales dans les localités restantes ? Si à cause des « marimbondos » le Mpla perd plusieurs municipalités au profit de l’opposition, auront-ils la sincérité d’aller jusqu’au bout du processus électoral ? 

L’opposition politique angolaise est contre ce type de « gradualismo » parce qu’il est porteur d’une grave injustice. Selon la Constitution angolaise, tous les Angolais sont égaux devant la loi. Et la loi que dit-elle au sujet du « gradualismo » ? Dans la loi fondamentale angolaise, ce terme n’apparait nulle part. C’est plutôt dans l’esprit de dirigeants du Mpla qu’a germé ce concept. L’opposition, plus encline à une démocratie participative, voit plutôt dans le « gradualismo », un processus graduel de transfert des compétences aux entités municipales. Un transfert qui doit se faire d’une manière graduelle à toutes les municipalités du pays. C’est à ces municipalités, après élection et installation de leurs dirigeants, de s’organiser en adoptant les formes de coopération et d’organisation favorables à la poursuite des intérêts communs auxquels sont conférées des attributions et compétences propres. Des attributions et compétences dans les domaines de l’éducation, santé, énergie, eau potable, équipement rural et urbain, culture et science, transports et communications, sports, logement et environnement.

Le temps n’est plus aux stratégies politiques partisanes. Le pays a besoin d’aller de l’avant et pour ce faire le sens patriotique doit habiter tous les Angolais, quel que soit leur parti politique. Vouloir rester au pouvoir pour y rester éternellement est une sorte d’égoïsme qui porte préjudice au peuple. Il y a plus de 40 ans que le Mpla est au pouvoir et le résultat de sa politique est connu. Désolation. La corruption et le népotisme ont gangrené la société. Organiser des élections locales en 2020, c’est ouvrir  un chemin qui va conduire les partis politiques de l’opposition, dans les municipalités dont ils auront la charge, à implanter leurs projets de société. Ainsi, dans toutes les municipalités la population aura en sa possession des éléments de comparaison pouvant l’aider à se faire une vraie opinion sur les programmes de l’opposition. Les municipalités qui auront banni la corruption, le népotisme, la mauvaise gouvernance, leurs dirigeants mériteront d’être applaudis et leurs partis politiques plébiscités aux élections générales. C’est à ce prix là que la démocratie aura trouvé sa place en Angola. En politique, décentraliser est un processus qui demande du fairplay et de l’honnêteté intellectuelle. Alors, soyez beau joueur.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M. Scotty                        

 

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