Le monde commémore chaque année
au mois d’avril la journée du livre. Et chaque année, des cerveaux bien pensants
réfléchissent sur l’apport du livre dans la vie de chacun d’entre nous. Pour
ces intellectuels, le livre est le maitre qui transforme la mentalité et
participe à la genèse des esprits mieux élaborés. La date du 23 avril, journée
mondiale du livre, est retenue par l’UNESCO pour promouvoir le plaisir de la
lecture et encourager les personnes, précisément les jeunes, à connaitre
l’énorme contribution des auteurs des livres à travers les siècles. Des têtes
bien pensantes sont arrivées à la conclusion que gouverner une population qui
ne lit pas ressemble à s’y méprendre à conduire un véhicule sans freins.
L’Angola, avec ses 25 millions d'habitants, ne développe pas suffisamment d’effort pour
susciter de l’intérêt dans la pratique de la lecture. Tous les jours, on
assiste en Angola, sous le regard silencieux du MPLA, à la fermeture des
librairies, à la mort virtuelle des auteurs angolais, à la faillite des
éditions et imprimeries sans que personne ne lève le petit doigt. Luanda, une
ville de plus de 5 millions d’habitants, ne compte que 2 ou 3 librairies. Dans
les discours prononcés au cours de rencontres culturelles, certains
responsables courageux, lorsqu’ils parlent de la qualité du débat et de
l’éducation au sein de notre société, reconnaissent l’importance du livre dans
la vie des citoyens. Ils affirment dans leurs différents propos ce que la
vérité nue et crue nous révèle chaque jour quand ils observent notre société. 44
ans au pouvoir et la qualité de l’enseignement est toujours médiocre. Il n’est
pas surprenant de rencontrer dans le pays des étudiants à l’université qui ne
savent pas lire correctement, ni construire et défendre une hypothèse. Or, il
est de notoriété publique que la lecture et l’écriture sont deux pratiques
sociales de grande importance dans le développement de la condition humaine
avec des avantages transversaux qui alimentent la connaissance à chaque livre
lu. La lecture favorise le développement de l’intellect, de l’imagination et
permet au cerveau de construire un raisonnement cohérent. Elle aide aussi à
développer le sens critique et la capacité d’interprétation. Le cerveau aime
les défis et quand il n’est pas souvent sollicité, il s’atrophie. Qui ne lit
pas est obligé d’accepter tout ce qu’on lui dit.
L’Angola ne sera jamais un pays
où il fait bon vivre si son peuple n’est pas suffisamment formé à la lecture et
à l’écriture. Grâce à l’écriture, le peuple peut écrire son histoire et
l’histoire de son pays. Qui ne sait ou n’aime pas lire ne peut pas interpréter
la vie et les dynamiques de son pays. Surtout que l’interprétation des textes
est une des clés essentielles de la lecture.
Il ne suffit pas d’avoir de belles maisons et de jolies voitures dans
les garages, quand à l‘intérieur de ces maisons les étagères sont pleines des
bouteilles d’alcool. Pas un seul bouquin pour lire. Si nous ne nous intéressons
pas aux livres et si nous nous éloignons de la lecture, nous sommes condamnés à
croupir dans l’ignorance. En Angola, la lecture est un exercice qui ne se
pratique pas beaucoup, et les écrivains, surtout étrangers, sont inconnus.
Rappelez-vous l’épisode de 15 activistes qui ont été arrêtés parce qu’ils
lisaient un livre. Aujourd’hui, tout tourne autour des textes informels, des
blogs, des réseaux sociaux. Dans les écoles, on parle très peu des livres. Les
enseignants n’encouragent pas la lecture parce qu’elle a cessé d’être une
priorité. Pour certains, lire est devenu une perte de temps. Et les
conséquences du manque de lecture se font sentir à tous les niveaux. Il n’est
donc pas étonnant de ne trouver aucune université angolaise sur la liste des
meilleures universités africaines. Quel genre de cadres forme-t-on en
Angola ? À l’allure où vont les choses, il sera difficile d’inverser la
tendance.
Qui ne lit pas ne s’informe pas.
Qui ne s’informe pas déforme. Qui déforme ne contribue jamais au développement
du pays. Sachant que la société angolaise actuelle est plus inclinée vers la
pensée unique, les opinions de chacun sont une répétition de ce qu’on raconte.
Un pays où la majorité de la
population ne sait pas lire ne se développe jamais. On y compte plus de
délinquants ; il y a plus de corruption et de bureaucratie. Il est
difficile dans ces circonstances de faire émerger des compétences humaines, des
professionnels responsables et d’atteindre des objectifs.
Et vous, mis à part les réseaux
sociaux, les blogs et les textes informels, quel livre avez-vous lu au cours de
trois derniers mois ?
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo M.Scotty
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