samedi 11 mai 2019

Joâo Lourenço va-t-il recourir aux méthodes de Dos Santos pour sauver son mandat?


L’arrivée à la tête de l’État du président Joâo Lourenço, je ne cesserai de le répéter, a suscité énormément d’espoir au sein de la population. Seulement, une année après son élection, le désenchantement a commencé à s’installer surtout dans les couches défavorisées de la société. La situation économique n’a cessé de se détériorer. Le taux de chômage, indicateur de la bonne santé socioéconomique, est à 28%. Même les militants du Mpla, connus pour leur allégeance au parti au pouvoir depuis 1975 dans le pays, commencent à douter de la capacité du nouveau président à redresser la barque qui prend l’eau de toutes parts. La lutte contre la corruption et l’impunité parait trop sélective aux yeux de l’opinion publique.  L’eau, l’électricité, le transport en commun, la santé, la pénurie de carburants constituent d’autres écueils pour lesquels le Mpla n’a jusqu’à ce jour pas des solutions. Devant l’immobilité, le Président Joâo Lourenço et le Mpla vont-ils recourir comme à l’époque de José Eduardo dos Santos aux stratégies développées par Noam Chomsky ? Des méthodes qui, pendant des années, ont assuré un semblant de stabilité au pays.   Qui est Noam Chomsky ?

Le philosophe et linguiste américain Noam Chomsky, dans son œuvre « Armes silencieuses pour des guerres tranquilles », présente dix stratégies/techniques de manipulation collective en vue de rendre collectivement imbécile un peuple, ou simplement le manipuler à certains moments de son histoire. L'intérêt dans « l'imbécilisation » des masses est multiforme, mais le plus important de ses pendants est celui qui consiste à se maintenir au pouvoir. Dans cette analyse, je vais me pencher sur 2 ou 3 stratégies. Une des techniques, peut-être la plus conséquente développée par Noam Chomsky, est celle qui consiste à se diriger à son peuple comme on s’adresse à un groupe d’enfants de bas âge.  Pourquoi ? Parce que lorsqu’on s’adresse à un enfant de 12 ans ou moins, on s’attend de sa part à une réponse ou à une réaction dépourvue de sens critique. À son endroit, on utilise des expressions comme : « tout va bien », « ça va aller »,« l'avenir sera meilleur » ; « se développer plus pour distribuer mieux » ; « vous voulez de l'eau ou la paix ». Des promesses rien que des promesses.  Sous d’autres cieux, lorsqu’un candidat affirme pendant une campagne électorale qu’il créera un million de nouveaux emplois, il devra également expliquer comment et avec quels moyens? Dans le contexte angolais, il suffit de dire que nous créerons des emplois et le peuple crie à l'unisson, « VIVA »! C’est une réaction typique de « l'imbécilisation » collective chronique.
Dans cette pratique « d’imbécilisation », on émeut plus qu’on ne pousse à la réflexion. L’utilisation de l'aspect émotionnel est une vieille technique classique qui sert à court-circuiter l'analyse rationnelle, et mettre fin au sens critique des individus. En outre, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour implanter ou greffer des idées tordues, des peurs et craintes, des contraintes pour induire des comportements Par exemple : Lorsque quelques jeunes annoncent une manifestation pour protester contre une situation donnée, le groupe hégémonique, dans ce cas le Mpla, actionne l'émotion de l'imbécile collectif en plaçant quelques mères, membres de OMA – (Organisation des femmes angolaises), au milieu d’un cimetière pour scander devant des cameras: « nous sommes des veuves, nous ne voulons plus de guerres ». Cette manière de procéder ne vous rappelle rien ? 

Maintenir le public dans l'ignorance et dans la médiocrité. Voilà encore un autre moyen de rendre imbécile toute une population. Cette méthode consiste à tout faire pour que le peuple soit incapable de comprendre les nouvelles technologies et les tactiques utilisées par l’autorité pour le contrôler et le dominer. Dans ce cas précis, tous les observateurs s’accordent pour affirmer que la qualité de l'instruction prodiguée aux enfants des quartiers pauvres (les meilleures écoles étant situées dans les quartiers huppés de la ville) est d’une médiocrité criante. Une situation qui, à long terme, rend plus profond le fossé entre les classes inférieures et les classes sociales aisées. Le Mpla qui est censé promouvoir la lutte des classes ne se contente pas de les maintenir dans l'ignorance, mais il promeut aussi l'inculte. Pendant des années, le Mpla a fait de sorte que la sottise devient la mode et a élevé la pénurie intellectuelle au modèle national pour toutes les générations des laissés-pour-compte. Dans le processus d'imbécilização collectif,  les ignorants et les personnes immorales sont exhibés comme des modèles de succès. C’est le cas, entre autres, du Général Kangamba qui a toujours été présenté comme un entrepreneur talentueux alors que c’est un nul.

 Enfin, il y a la stratégie de la caresse. Celle qui consiste à faire accepter au peuple une décision impopulaire en la présentant dès son annonce comme étant « pénible, mais nécessaire », cherchant ainsi à obtenir l'acceptation publique pour une application future. Il est plus facile à un peuple d'accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord, parce que l'effort n'est pas demandé immédiatement. Ensuite, parce que le public, la masse, a toujours tendance à attendre naïvement que « tout va s'améliorer demain » et que le sacrifice exigé pourra être évité. Cela donne plus du temps à la population pour s'habituer à l'idée du changement et de l'accepter avec résignation le moment venu.
La flambée du prix du pétrole à laquelle est confrontée la population ces derniers jours à Luanda et à l’intérieur du pays, est une pilule amère. Pour la faire passer,  le Mpla s’est évertué à inculquer dans la tête de l'imbécile collectif, au moyen d'innombrables entrevues données par des supposés docteurs en économie internationale et spécialistes en politiques publiques, l’idée que c’est le manque de dialogue entre la Sonangol et le gouvernement qui est l’origine de cette situation. Alors, maintenant ils font croire à la population qu’il est  impérativement nécessaire d’appliquer une politique d’austérité parce que l’État angolais et sa population vivent au-dessus de leurs moyens.  Un mensonge plus il est grand… Pendant ce temps, les dignitaires du Mpla et leurs amis volent le trésor public et claironnent que le pays vit au-dessus de ses moyens !  Mon œil !

Aux dernières nouvelles, JLo a démis de leurs fonctions tous les membres du Conseil d’administration de Sonangol.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe

Eduardo M.Scotty  

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